Plaidoyer pour le temps ou comment réussir sa transformation

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Laisser le temps au temps. Cet adage, tiré des temps immémoriaux, cache en lui une sagesse bienvenue quand l'heure des changements sonne. Elle devient alors l'alliée des managers aux prises avec la transformation de leur entreprise. Nathalie Bertrand, coach et partenaire CSP, les accompagne depuis longtemps lors de ce temps si particulier. Avec nous, elle partage les enseignements de ses expériences sur le terrain.

© Leander Baerenz / Westend61 / GraphicObsession Visuel Laisser du temps au temps Nathalie bernard

Hasard ou coïncidence ? Se sont-ils donnés le mot ces collaborateurs que j’accompagne ? Une chose est sûre, dans les grands groupes du CAC ou dans les associations, tous réclament, à leur manière, plus ou moins haut et plus ou moins fort, la même chose face aux transformations : du temps ! Serait-ce simplement une excuse pour « jouer la montre » et ne pas bouger ? Ou alors serait-ce un besoin réel, légitime et même vertueux pour « passer le cap » ? De mes expériences vécues, je vous partage ces quelques réflexions quant au bon usage du temps dans les transformations.

Il y a un temps pour tout : un temps pour agir

Comme souvent, il est très révélateur de regarder le champ lexical autour d’une thématique. Pour ce qui est des transformations, les spécialistes parlent de « programme », « de plan ». Le temps, vu de manière quantitative et linéaire (chronos[1]), se découpe en durée limitée, en « phases » successives, en « lots » ou « étapes », « jalons », « steps » selon le jargon…

A chacune de ces notions, correspondent plusieurs actions ou plan d’actions qui s’enchaînent, qu’il s’agit d’exécuter, et bien sûr de suivre en mettant en place un reporting au cordeau.

Quel est l’objectif visé ? Il s’agit de piloter la transformation de manière efficace et performante : décider, prévoir, produire, maîtriser tous les dispositifs enclenchés, en rendre compte et, bien sûr, rester dans le timing. Cette structuration des temps a d’autres vertus : elle fixe un cadre et rassure les décisionnaires : « c’est sous contrôle ! » ! Plus subtilement, cela permet aussi à certains acteurs d’exprimer leur puissance et pouvoir…

Ces objectifs sont pleinement louables. Ils constituent des réponses à la pression qui pèse sur les épaules des dirigeants et managers confrontés souvent à des injonctions paradoxales. Les acteurs sont dans l’action, le temps presse ; il faut aller vite, plus vite que les concurrents ! Dans cet environnement dit VUCA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu), il faut gagner du temps, transformer vite et bien !

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ; cette structuration des actions dans le temps reste indispensable. L’important est le bon rythme. Et «  pour… temps », le risque est alors de tomber dans la précipitation et de s’enfermer dans une spirale infernale de successions d’actions sans respiration pour des transformations à marche forcée.

Un temps pour laisser faire et prendre son temps

Ce rythme effréné induit alors une confusion entre perdre et prendre son temps. Or, à un moment donné, il convient de laisser le temps faire son œuvre, d’accepter de prendre de la distance et d’expérimenter une certaine impuissance par rapport aux réactions des collaborateurs.

L’un des enjeux, c’est trouver le bon moment le point de bascule, le temps de l’opportunité, en référence au temps kairos [2]. À cet instant T, l’essentiel devient l’intention qui sous-tend ces espaces. Laisser faire, cela ne signifie pas ne rien faire ! Laisser faire, c’est laisser infuser.

Cette posture requiert pour les managers ou dirigeants du courage, voire de l’audace.

Intégrer le temps dans la transformation

En tant que coach, ce qui me guide à titre personnel, et plus généralement chez CSP, c’est d’agir comme catalyseur des transformations. Et d’expérience, je reste convaincue de la justesse et de l’efficacité de cette posture. En particulier, dans ce rapport au temps, un catalyseur interfère sur la temporalité. En agissant au bon moment, il augmente la vitesse d’une réaction chimique. Il ne fait que modifier le lien entre les réactifs, en favorisant leur rencontre. En d’autres termes, il créé les conditions favorables en donnant le sens de l’action. Comme dit le proverbe chinois : « Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps »

Le temps, une notion toute relative

De mes expériences d’accompagnement, je retiens quatre natures de temps où il est particulièrement « importemps » d’être, au bon moment et à bon escient, dans une posture de laisser faire
- le temps de l’observation et de l’écoute,
- le temps de l’implication,
- le temps de l’expérimentation,
- et le temps de l’appropriation.

Ces trois derniers concourent à une responsabilisation des acteurs qui va les conduire à une autonomie fructueuse. Dans ces moments, la seule action critique sera alors de créer les conditions favorables pour que ces temps d’infusion deviennent de réels leviers de transformation.

Nathalie Bertrand
Coach certifiée, Nathalie intervient chez CSP en tant que partenaire principalement dans l'accompagnement des transformations et la facilitation. Elle s'appuie sur une expérience de 20 ans comme manager dans des fonctions financières, et chef de projet de transformations au sein de groupes de services.

[1] Temps chronos : temps physique, mesure chronologique, segmentation en passé / présent / futur grâce aux unités de mesure.

[2] Temps kairos : temps métaphysique, temps du moment opportun, l’instant d’inflexion avec un avant et un après


Pour tout savoir sur la transformation, CSP organise une journée exceptionnelle le 21 janvier 2020 à Paris : Transformations individuelles et collectives : agir et laisser faire.

 


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